Le compositeur et chef d’orchestre espagnol Cristobal Halffter est mort le 23 mai, à l’âge de 91 ans, dans la commune de Ponferrada (province de Leon), et non dans son château de Villafranca del Bierzo, demeure ancestrale qu’il occupait depuis les années 1950. Salué comme « l’un des principaux architectes du renouveau musical de l’Espagne », par José Manuel Rodriguez Uribes, le ministre de la culture et des sports, Cristobal Halffter fut le porte-drapeau de la Generacion del 51 qui, avec Luis de Pablo, son exact contemporain, a donné une impulsion historique à la musique hispanique de la seconde moitié du XXe siècle.
Cristóbal Halffter naît le 24 mars 1930 à Madrid dans une famille de musiciens dont deux de ses oncles, les compositeurs Ernesto (1905-1989) et Rodolfo Halffter (1900-1987), sont les représentants les plus connus. En 1936, il se réfugie avec ses parents à Velbert, en Allemagne, alors que la guerre civile fait rage dans son pays. Les Halffter reviennent trois ans plus tard à Madrid, où l’enfant est initié à la musique par sa mère, pianiste amateure, qui meurt en 1941.
Adolescent, Cristobal Halffter manifeste sa vocation en prenant des cours d’harmonie et de composition avec Conrado del Campo (1878-1953), d’abord en privé, puis, à compter de 1947, au Conservatoire royal de Madrid, dont il est diplômé en 1951. Il commence alors à travailler pour la radio nationale et, en 1952, compose sa première œuvre, Antifona Pascual, avant, un an plus tard, d’obtenir le Prix national de la musique avec un Concerto pour piano.
Ecriture sérielle
En marge de l’enseignement académique dispensé par Conrado del Campo, Cristobal Halffter s’est plongé de lui-même dans la musique de la Seconde Ecole de Vienne. D’abord, de manière fortuite, en cherchant dans la bibliothèque de son oncle Rodolfo des partitions que le musicien, alors en exil au Mexique, souhaitait se faire envoyer : entre autres, le Pierrot lunaire, de Schönberg, un Quatuor, de Webern, et la Suite lyrique, de Berg. A ces découvertes viendront s’ajouter celles de Bartok et de Stravinsky, auquel il eut l’honneur de servir de guide, à Madrid, en 1955.
Désireux de briser l’isolement produit par la dictature franquiste, Cristobal Halffter et d’autres jeunes compositeurs (tels que Luis de Pablo et Ramon Barce, 1928-2008), réunis ultérieurement sous la bannière de Generacion del 51 (la formule vient de Halffter), se tournèrent vers la modernité prônée dans le reste de l’Europe autour de l’écriture sérielle. Les Trois pièces pour quatuor à cordes témoignent, en 1956, d’une première expérience dans l’atonalité, tandis que la Sonate pour violon (son opus 20, atteint dès 1959) recourt à la méthode dodécaphonique.
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