Pourquoi le restaurant du French Coco ferme ses portes

Pourquoi le restaurant du French Coco ferme ses portes

Céline Guiral

L'hôtel French Coco, posé au cœur de la presqu'île de la Caravelle, propose depuis juillet 2016 un hébergement haut de gamme. Aujourd'hui, l'établissement est contraint de fermer son restaurant, ce dernier n'étant jamais parvenu à trouver un modèle économique rentable. Explications.

La décision, actée mercredi (5 juin) au tribunal de commerce de Fort-de-France, n'a pas été aisée à prendre. Elle est le fruit « d'une réflexion stratégique devenue inévitable pour la poursuite des activités hébergement de l'hôtel », tient à nous expliquer Nadège Durand-Pellegatta, propriétaire de l'établissement. En effet, le restaurant du French Coco n'ayant jamais véritablement trouvé un modèle économique viable, l'activité venait fragiliser l'existence-même de cet hôtel 4 étoiles niché dans un jardin merveilleux. « Il était inenvisageable de continuer à soutenir le restaurant sans mettre en danger l'établissement », note encore la propriétaire. « Il nous aurait fallu pouvoir compter sur 30 couverts quotidiens pour que ça fonctionne correctement ». Or, le restaurant était loin du compte. Et ce, malgré une qualité dans l'assiette plusieurs fois saluée par des distinctions dont, dernièrement, avec les Trophées des Arts de la table. Les différents chefs qui se sont succédé au piano, à l'image de Nathanaël Ducteil ou Vladimir François-Maïkoouva, ont brillé en cuisine lors de leur passage. Ça, Nadège Durand-Pellegatta, l'assure fermement. Mais elle concède que « coté management », le courant n'est pas toujours passé. La raison ? Une cohabitation parfois hasardeuse entre des chefs au caractère et à l'ego bien dessinés et l'exigence pour l'hôtel de fournir un service hôtelier fidèle à ses standards.

« Le clap de fin n'est jamais agréable »

« Travailler dans un hôtel, ça veut dire avant tout fonctionner en équipe, en faisant preuve d'une certaine souplesse ». Une divergence de vues qui a parfois pu mettre quelques coups de canifs dans un équilibre déjà « difficile à trouver ». « Nous avons veillé à recruter des chefs martiniquais. Mais il est vrai qu'au regard de notre exigence de qualité, ils sont plutôt rares et chers sur le marché ». De quoi grever un peu plus les coûts du restaurant qui, par son positionnement géographique, « a dû faire face à des surcoûts vis-à-vis de ses fournisseurs. » Nadège Durand-Pellegatta déplore également le déficit de compétences pour le secteur, en local. Autrement dit, la gageure réelle à trouver des jeunes parfaitement formés en restauration : « Pour la haute saison, nous avons dû faire venir trois collaborateurs de Métropole ». De quoi affecter la ligne des charges salariales.

Finalement, « ce sont trois collaborateurs du restaurant qui sont effectivement sur le départ », souligne la propriétaire. Deux autres rejoignant le staff de l'hôtel pour notamment continuer à assurer les services du petit-déjeuner. « Dans tous les cas, le clap de fin n'est jamais agréable », soupire Nadège Durand-Pellegatta. Et de préciser, à destination des clients : « que nous nous sommes organisés avec les restaurateurs du coin afin qu'il y ait une continuité dans le service ».

Pour French Coco, cette étape, censée faire rebondir l'établissement, n'occulte en rien les défis à venir et cette clientèle haut de gamme à séduire et faire venir face à une concurrence caribéenne aiguisée.

√ A lire également, la vision des salariés sur cette fermeture.

Suivez l'info en temps réel
sur l'appli France-Antilles !

Télécharger